Maxime Antony, Ambrosia
J’ai choisi d’utiliser le cyanotype pour parler d’amour. C’est un procédé photographique monochrome négatif ancien par le biais duquel on obtient un bleu de Prusse, bleu cyan. Cette couleur est pour moi liée à la beauté de ma muse, une beauté froide. Cela fait aussi écho au passé. Le papier est vécu, l’histoire l’est également. Cette série représente la peine et la douleur. Ces sensations collent à la peau, s’installent, voyagent à travers nos corps. Je les ai toutes deux apprivoisées. Elles m’habitent.
Je me devais de cristalliser le corps de la femme pour m’en souvenir. Il m’était désormais inaccessible. Cela me hante et fait partie de mon tout. Je m’en suis nourri. C’est mon ambroisie. Cette substance ne me rendra pas immortel, mais la femme au buste, elle, restera à jamais dans mon âme. C’est une certitude.
+Ce qui a retenu l’attention du festival
Maxime Antony dénonce la violence de la perte, l’aigreur de l’absence mêlée au chagrin provoqué par le souvenir. Cette série de photographies parle de l’obsession, de la possession, de la permanence, de l’occupation d’un par une autre. La femme au buste semble ne pouvoir être dissociée du photographe, habitant cette parcelle qu’est le souvenir intime. L’implication du photographe tant par la recherche de procédé que d’une approche visuelle qui serve et épouse son intention. Le cyanotype, le bleu font écho à ce dont il charge ses images, le passé, une certaine distance – une froideur – l’une et l’autre recherchées pour signifier une beauté froide, figée, la peine et la douleur. Un ensemble d’éléments qui accomplissent la création.